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Citoyenneté et démocratie à Athènes (IVe-Ve siècles avant JC)

L’invention de la citoyenneté :

citoyenneté et démocratie à Athènes (IVe-Ve siècles avant JC)

Classe de seconde

 

La démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple »

Abraham Lincoln

 

Qu’est-ce qu’être citoyen à Athènes ? Comment fonctionne la démocratie athénienne ? Quelles sont les limites de la démocratie athénienne ?

 

Notions : démocratie, citoyenneté, cité.

 

I.                 Être citoyen à Athènes.

 

A)    La mise en place de la démocratie.

 

La démocratie athénienne, prolongement politique du système hoplitique, se met en place en plusieurs étapes :

 

ü  594 av JC : Solon réorganise la société athénienne en répartissant les citoyens en 4 classes selon leurs revenus et non plus leur naissance (hiérarchie fondée sur la richesse) : seuls les plus riches peuvent accéder aux magistratures. Il abolit l'esclavage pour dettes, met en place le tribunal du peuple (Héliée), étend le droit de défense et d'accusation à n'importe quel citoyen

 

ü  Après la tyrannie (pouvoir personnel et autoritaire d’un homme qui a conquis le pouvoir par la force) de Pisistrate à Athènes de 561 à 527, émerge peu à peu une nouvelle conception de la vie politique qui se fonde sur les principes de liberté et d’égalité, et tend à élargir la conduite des affaires publiques à un plus grand nombre de citoyens. Il s’agit de la démocratie.

 

La démocratie (dêmos : peuple ; kratos : pouvoir) est une forme de gouvernement où le pouvoir est entre les mains du peuple (dêmos). C’est le « peuple » (citoyens) qui choisit comment et par qui il veut être gouverné.

 

ü  508 av JC : Clisthène divise le territoire de la cité en 139 dèmes répartis en 10 tribus. Pour être citoyen, il faut être inscrit dans un dème, avoir plus de 18 ans, être fils d’un citoyen athénien puis (à  partie de -451 ; Périclès) être le fils d’une mère elle-même fille de citoyen.

ü  L’éphébie (IVe siècle), service militaire dû par les futurs citoyens, constitue un rite de passage, d’intégration dans le corps des citoyens.

 

B)    Droits et devoirs.

 

Femmes, enfants, métèques (étrangers venus d’autres cités et installés à Athènes, où ils exercent une activité professionnelle, paient des impôts et participent à la défense de la cité) et esclaves sont exclus de la citoyenneté. Les citoyens sont très minoritaires en nombre à Athènes (40 000 pour 400 000 habitants soit 1 personne sur 10).

 

Droits

Devoirs

ü  Voter,

ü  Exercer des charges politiques ou juridiques,

ü  Bénéficier de la protection de la justice,

ü  Porter plainte,

ü  Ne peut être vendu comme esclave ou soumis à la torture,

ü  Posséder une terre de la cité,

ü  Contracter un mariage avec 1 athénienne,

ü  Egalité devant la loi (isonomie)

ü  Egalité de parole à l’Ecclesia.

Défendre la cité : les plus riches servent comme cavaliers, la plupart sont hoplites (infanterie) ; les plus pauvres sont rameurs dans les trières.

Participer à la vie religieuse, aux grandes fêtes qui rythment la vie de la cité (Panathénées annuelles, Grandes Panathénées tous les 4 ans).

Faire preuve de générosité (prémices de l’évergétisme hellénistique) en finançant les dépenses publiques (liturgies). Ex : triérarchie (financer l’équipage d’une trière pendant 1 an), chorégie (financer un chœur).

 

 

II Le rôle du citoyen.

 

Comment le citoyen participe-t-il à la vie politique de la cité ?

 

A)    Des institutions accessibles à tous les citoyens (en principe).

 

L’ensemble des citoyens forme le demos et peut participer à l’Ecclesia.

 

L’Ecclesia : c’est l’assemblée des citoyens. Elle se réunit 10 fois par an au Ve siècle avant JC sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois et la guerre, le budget, l’ostracisme (bannissement d’un individu de la cité par décision des citoyens pour une durée maximale de dix ans).

 

Chaque citoyen peut (en théorie) proposer une loi ou être tiré au sort pour participer aux institutions :

 

ü  La Boulè, conseil de 500 citoyens (bouleutes) qui préparent et font exécuter les lois, préparent l’ordre du jour de l’Assemblée des citoyens.

ü  L’Héliée, tribunal dont les jurés sont tirés au sort parmi 600 citoyens pour chaque procès. Les héliastes jugent les procès privés et les procès politiques (contestation d’une loi ou de l’action d’un magistrat).

ü  Les magistrats (700 regroupés en collèges de 10 citoyens) gèrent pendant 1 an la politique extérieure, religieuse, les affaires économiques. Les principaux magistrats sont élus annuellement par l’Ecclesia

 

Au Ve siècle, la vie politique est dominée par Périclès (494-429), élu plus de 20 fois stratège entre 444 et 429. Surnommé « 1er citoyen d’Athènes » par l’historien Thucydide, il a largement contribué à faire d’Athènes « l’école de la Grèce » (aménagements de l’acropole dont le Parthénon). Ses détracteurs le présentent comme un démagogue et comme l’initiateur d’un impérialisme qui aboutira finalement à la perte d’Athènes.

 

B)    La richesse : une barrière sociale et politique.

 

Les charges les plus prestigieuses sont exercées collectivement (stratèges, archontes), par peur de la tyrannie. Les magistrats ne sont pas rémunérés, ce qui montre qu’en fait, seuls les plus riches pouvaient consacrer leur temps à la politique (art de gérer les affaires de la cité polis). Ainsi Périclès est-il le fils de la nièce de Clisthène et le descendant d’une prestigieuse famille, les Alcméonides.

 

III Les limites

 

Le mot démocratie n’a pas dans l’Antiquité le sens qu’il a de nos jours ; « la démocratie grecque était le pouvoir pour chacun des citoyens de débattre, de décider, de juger. C’était une liberté politique, une liberté d’intervenir au niveau de la cité. Mais aucun État ancien n’a eu l’idée que les individus eussent des droits » (Paul Veyne).

 

Les citoyens ne forment qu’une minorité des personnes vivant à Athènes. Les autres catégories de population, bien que participant à la vie de la cité sont dénués de droits civiques.

 

La richesse constitue une barrière. Elle permet à ceux qui la détiennent d‘occuper les postes décisionnels, de pratiquer les liturgies, de se forger des « clientèles » et d’être honorés.

 

La rhétorique (l’art de bien parler) revêt une importance fondamentale, bien qu’elle ouvre la voie à la démagogie. L’ « orateur » s’attache le concours de la foule.

 

L’œuvre d’Aristophane fait allusion à quelques uns des débats qui ont animé la vie démocratique athénienne à travers la satire . Il défend les paysans contre les hommes politiques et les intellectuels de la ville. Il exprime dans ses pièces les opinions d’un citoyen engagé contre la guerre, contre les démagogues accusés de corrompre la jeunesse et le peuple.

 

Pour aller plus loin : Aristote (La Constitution d’Athènes et Politique), Platon (La République, Les Lois, Le Politique).

 

Laurent Barcelo