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Les États-Unis : superpuissance ou hyperpuissance ?

Les États-Unis : superpuissance ou hyperpuissance ?

 

Les EU sont-ils une « grande puissance », une « superpuissance » ou une « hyperpuissance » ?

 

La « puissance » peut être définie comme la capacité d’un État d’imposer sa volonté aux autres à un certain échelon des relations internationales (régional ou mondial) et son rayonnement dans différents aspects (militaire, économique, politique, culturel). Le « hard power » désigne la capacité d’un État d’influencer le comportement d’autres États à l’aide de moyens militaires et économiques. Le « soft power » désigne le pouvoir d’attraction d’un État par des moyens non coercitifs (culturels, idéologiques, sportifs).

 

Un État capable d’influencer des événements à l’échelle mondiale, dont le rayonnement économique, culturel, politique et militaire est prééminent à travers le monde peut être qualifié de « superpuissance ». Les États-Unis et l’Union soviétique, au lendemain de la 2nde Guerre mondiale, méritent d’être présentées comme telles. La disparition de l’URSS a placé les États-Unis dans une situation particulière, sans rival. Il était légitime de qualifier les EU d’hyperpuissance dans les années 1990 et 2000. Ce n’est pas la première fois que cela leur arrive : de 1945 à 1949, ils sont les seuls détenteurs de l’arme atomique, première arme de destruction massive, ce qui leur donne un pouvoir de coercition inédit. Aujourd’hui, peut-on dire que les EU sont une « hyperpuissance » ? Quelles sont les bases de la puissance américaine ? Existe-t-il des limites à cette puissance? Comment cette puissance est-elle contestée ?

 

I - Les fondements de la puissance américaine.

 

A. Le pays et les hommes.

1. Un territoire mis en valeur.

Des centres économiques de première importance (Manufacturing Belt, Mégalopolis, pôles technologiques de la Sun Belt, influence des megapoles et de plusieurs « villes mondiales », deux façades maritimes stratégiques), gestion de l’immensité et exploitation de nombreuses ressources naturelles.

Des réseaux de communication reliés au monde, notamment façades maritimes développées et hubs aériens.

2. Les fondements idéologiques

- Capitalisme, liberté d'entreprise : valeurs portées par de puissantes FMN.

- Liberté individuelle comme fondement d'un modèle : « rêve américain », « american way of life », esprit pionnier et mythe de la « frontière ».

 

B. Un pays qui pèse sur les relations internationales.

En 1945, la victoire sur le nazisme permet aux EU de se poser en défenseur de la liberté et de la démocratie, rôle qu’ils endossent ensuite face à l'expansion soviétique.

En 1991, la fin de la guerre froide fait apparaître les EU comme le seul modèle viable et la seule superpuissance (d'où l'idée d'hyper puissance).

Les EU exercent une présence cruciale dans les institutions et les relations internationales. Pays fondateur de l'ONU, ils y jouent un rôle de 1er plan en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, de même qu’à l'OMC ou au FMI. Les EU peuvent agacer par leur omniprésence, mais ils sont les seuls à pouvoir résoudre différents types de conflits (ex : ex-Yougoslavie dans les années 1990) ou à pouvoir se poser en négociateurs.

Ils participent à la réalisation d'une zone de libre-échange américaine (ALENA depuis 1994 avec le Canada et le Mexique, projet de ZLEA aujourd'hui).

 

II - Une puissance « globale ».

 

A.    Une puissance militaire.

Depuis 1945, le budget militaire des États-Unis est le plus important du monde. Après la disparition de l’URSS, les attentats du 11 septembre 2001 leur ont fourni l’occasion de poursuivre ces dépenses qui représentent depuis plus de la moitié des dépenses militaires dans le monde. Aucun État n’a pu rivaliser avec les dépenses militaires des EU dans les années 2000. Les infrastructures militaires américaines sont importantes (CIA, DIA, Réseau Echelon). Un important complexe militaro-industriel associe le ministère de la Défense (Pentagone) aux entreprises de constructions aéronautiques et électroniques (ex : Lockheed Martin, Boeing, Northrop Grumman…). Ces entreprises fabriquent des armements dont les EU sont le premier exportateur mondial. Lockheed Martin (slogan : « We never forget who we're working for ») est connue pour ses avions de combat ( F-16, F-22, F-35 par exemple).

 

Les forces américaines comptent près de 2 millions d’hommes. Elles sont déployées dans le monde en fonction des conflits et des menaces qui pèsent sur les intérêts américains. Des bases américaines sont présentes sur tous les continents et tous les océans du monde. Les EU sont à la tête de dispositifs d’alliance comme l’OTAN, (créée en 1949 dans le contexte de la guerre froide naissante mais non dissoute après 1991). Les EU surveillent les pays désignés par l’administration Bush comme l’ « axe du mal » (Iran, Corée du Nord, Afghanistan, Irak) ainsi que de potentiels rivaux (Chine, Russie). Ils endossent l’habit de « gendarmes du monde » depuis la fin de la guerre froide. Dans un sens, les Américains sont prisonniers de leur puissance. Après les attentats du 11 septembre 2001, les EU interviennent militairement en Afghanistan (2001-2012) puis en Irak (2003-2011).  

 

B.    Une puissance économique.

L’économie des EU est la première du monde (2012). Elle est portée par un marché intérieur de 300 millions de consommateurs au pouvoir d’achat élevé et ouverte sur l’extérieur du fait du libre-échange et d’une grande capacité d’adaptation à la conjoncture.

Les EU sont à la fois les premiers exportateurs et les premiers importateurs du monde dans les domaines agricole et industriel. Ils produisent 1/5 des céréales du monde et exportent une part importante de leur production. Les EU sont à la pointe du marché, controversé, des OGM (Organisme génétiquement modifié), promu par des firmes biotechnologiques puissantes (Monsanto, Dow Chemical, DuPont). Ils cultivent plus de 60 millions d’hectares et développent de plus en plus ce type de cultures à l’échelon international.

L’industrie américaine s’identifie à quelques entreprises leaders dans leur branche d’activités: comme IBM et Microsoft (informatique), Exxon Mobil ou Chevron corporation (pétrole), Procter and Gamble dans l’industrie chimique, General motors et Ford (automobile), Boeing (aéronautique), K-Mart dans la grande distribution… La moitié des 500 plus grandes entreprises mondiales sont américaines.

Ils l’emportent aussi dans le secteur des services : 31% des exportations mondiales de services sont le fait d’une entreprise américaine. L’économie américaine peut être qualifiée de «postindustrielle » : les services occupent 75 % de la population active et créent plus des 3/4 des richesses (Ex Citigroup dans le secteur bancaire, Wall-Mart dans la Grande distribution)

 

C.    Une puissance financière.

Malgré la crise des années 2008-2011, les EU dominent la scène financière mondiale. Le NY Stock Exchange est la 1ère place boursière du monde et le dollar demeure la monnaie d référence au niveau mondial. 68 % des réserves de change du monde sont en dollars (13 % pour l’euro). Certains pays ont renoncé à leur monnaie nationale pour adopter le dollar américain (Salvador, Guatemala, Panama, Équateur, Libéria, îles Vierges, et Timor-Oriental).

Les flux d’Investissements directs à l’étranger (IDE) sont révélateurs de cette puissance. Les États-Unis investissent chez leurs voisins proches (Mexique, Canada et Caraïbes) mais surtout en Europe (Royaume-Uni principalement) et en Asie (Japon, Singapour, Chine).

 

D.    Le « soft power » : le pouvoir d’attraction des EU.

Près du quart des trois millions de jeunes étudiant à l’étranger dans le monde le font dans des universités américaines et beaucoup s’y installent une fois le diplôme acquis. Cette migration des « cerveaux » s’appelle le «Brain drain».

Le « soft power » des EU s’exerce encore dans de nombreux domaines, qui sont autant d’outils au service d’une « globalisation » des goûts et des habitudes: hamburgers et soda (McDonald’s, Coca Cola, Pepsi Cola) « entertainment » et programmes télévisés (Friends, Urgences, Prison Break, Nip/tuck, Cold case, les Experts, Grey’s Anatomy…); « blockbusters » (films à gros budget comme Star wars, Titanic, Avatar…) et cinéma d’animation (dreamworks, Disney-Pixar); musiques (R’nb, Rap, Rock, Pop, Dance) ; modes vestimentaires ; nombre de brevets déposés chaque année. Dans le domaine sportif, les JO sont une vitrine de la puissance américaine. Le sportif le plus titré des JO est un américain : Mickael Phelps avec 8 médailles d’or.

 

III - Fragilités et contestations de l’hyperpuissance

 

A.    La guerre contre le terrorisme.

Le 11 septembre 2001, suite aux attentats de New York (World Trade Center) et de Washington (Pentagone), le président G.W. Bush, déclare «Nous sommes en guerre». C’est une guerre d’un genre nouveau, déclarée contre le « terrorisme », incarné par la nébuleuse islamiste Al-Qaïda et Oussama Ben Laden. Cette attaque contre les EU révèle l’existence de contestations du modèle américain et de leur approche des questions qui touchent le Moyen-Orient (question israélo-palestinienne).

Les pays alliés des EU, sont également concernés :

12 octobre 2002 (Indonésie) : Un attentat à la voiture piégée contre une discothèque à Bali fait 202 morts et 300 blessés, majoritairement des touristes australiens.

11 mars 2004 (Espagne) : 191 morts et 1 500 blessées à bord de trains de banlieue de la capitale Madrid ( plus important acte terroriste jamais survenu en Europe).

Les EU interviennent militairement en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003 pour essayer d’affaiblir les terroristes. En 2003, les Américains se passent de l’ONU et de l’opposition de la France. L’Afghanistan et l’Irak deviennent des « bourbiers » où s’enlise la puissance militaire la plus importante sur la planète. Le 2 mai 2011, Ben laden est abattu par un commando américain à Abbottabad au Pakistan. Cet événement annonce le désengagement des troupes américaines qui opéraient en Afghanistan mais aussi en Irak.

 

B.    Les faiblesses économiques.

Le libre-échange a entraîné des délocalisations en Chine ou dans les pays de l’Asie du Sud-Est avec comme conséquence l’augmentation du travail précaire. Les services publics (éducation, transports en commun, services sociaux, logements, santé) sont fragilisés par la baisse de leurs ressources ; les fractures sociales sont de plus en plus visibles dans la société (les 20 % les plus riches disposent de 50 % des revenus des ménages alors que les 20 % les plus pauvres n’en disposent que de 3,5 %). 39 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté sur 304 millions d’habitants, soit 13 % de la population totale.

 

C.    Crise et déficit.

La croissance des années 2000 a été basée essentiellement sur l’endettement des ménages, lesquels ont pu bénéficier de prêts hypothécaires (subprimes) pour acheter leur logement. Ces prêts hypothécaires ont été titrisés par les banques, c’est-à-dire transformés en produits financiers. Ces emprunts ont été vendus aux banques, assureurs, fonds spéculatifs ou fonds de pension. Les premiers défauts de paiement apparaissent lors de l’été 2007 et débouchent sur une crise du crédit. Plus de 10 millions de ménages n’arrivent plus à rembourser leurs prêts qui ont brutalement augmenté. Cette crise du crédit entraîne une crise de l’immobilier puis une crise bancaire, financière et monétaire. Le gouvernement est obligé de soutenir les banques et se porte garant des déficits. La crise touche également de nombreux pays développés qui ont acheté des titres de ces prêts hypothécaires et, du coup, c’est tout le système mondial bancaire et financier qui est touché. Il faudra l’intervention de nombreuses banques centrales pour sauver les banques et le système financier mondial.

Cette crise montre l’interdépendance des différentes banques mondiales. Les EU sont devenus les premiers débiteurs de la planète et sont dépendants de leurs créanciers. Ils vivent au-dessus de leurs moyens. Le gouvernement des EU vit à crédit et depuis 2009, la Chine est son premier créancier devant le Japon. Les perspectives ne sont pas réjouissantes. Selon le Congressional Budget Office, la dette publique réelle pourrait dépasser les 100 % du PIB en 2021 et grimper à 190 % en 2035. Le 6 août 2011, la décision de Standard and Poor's, agence de notation financière créée en 1941, de dégrader d'un cran la note de la dette souveraine américaine avait suscité de vives réactions. Et alimenté la théorie du déclin américain.

 

Conclusion

Les États-Unis attirent les capitaux, les étudiants étrangers, les entreprises internationales. Ils fascinent par leur culture populaire l’ensemble des peuples de la planète. Mais ils exercent un effet répulsif pour une partie de l’opinion publique mondiale, auprès des Altermondialistes ou dans le monde arabo-musulman par exemple, par leurs interventions en Afghanistan et en Irak, ou leur prise de position sur le dossier israëlo-palestinien. Les EU sont en outre confrontés à l’émergence de l'espace pacifique et en particulier la montée en puissance de la Chine : son économie se développe à grande vitesse et elle dispose de la puissance militaire, nucléaire, spatiale, ainsi que d'une influence culturelle non négligeable (ancienneté de la civilisation et diaspora présente sur tous les continents).